Tendances Déco : Un cycle sans fin ou vraie évolution ?
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Terracotta en 2018, Terracotta en 2021, Terracotta en 2024.
Difficile de ne pas sourire face à cette impression de déjà-vu permanent.
Depuis quelques années, j’observe les “tendances déco” revenir comme des saisons programmées : le beige se renomme, le minimalisme se redéfinit, les années 70, 90, 2000 refont surface avec une régularité presque mécanique. Rien n’est vraiment nouveau — mais tout revient, rebrandé, repackagé, présenté comme une révolution.
Ce n’est pas un hasard. C’est un système.
Les tendances déco fonctionnent en cycles de 20 à 30 ans :
une époque revient dès lors que ses enfants atteignent l’âge adulte et accèdent au pouvoir d’achat. C’est une nostalgie collective qui devient une stratégie commerciale. Le même phénomène concerne les couleurs : le beige n’a jamais quitté nos intérieurs, il change simplement de nom ( greige, latte, bone ) pour sembler neuf.
Ce recyclage constant tient à trois forces qui pèsent sur le secteur.
D’abord, l’industrie.
Elle repose sur une mécanique simple : si la décoration devient intemporelle, elle devient difficile à vendre. Alors on recrée de la nouveauté… même lorsqu’il n’y en a pas.
Ensuite, le contenu.
Magazines, influenceurs, plateformes : tout le monde dépend du nouveau. Pas de nouveauté = pas d’audience. Alors on raconte chaque année que le Japandi “revient”, que le Wabi-sabi “s’impose”, que les années 90 “revivent”. C’est le même minimalisme, décliné sous trois noms.
Enfin, la psychologie.
Nous réclamons ce que nous avons connu. Ceux qui ont grandi dans les années 90 réinstallent les années 90. Ceux des années 2000 voudront bientôt les années 2000. C’est une mécanique humaine, presque rassurante.
Alors, rien ne change vraiment ?
Si, mais ailleurs.
Les véritables transformations ne sont pas esthétiques mais culturelles :
plus d’exigence écologique, un intérêt renouvelé pour la fabrication européenne, un besoin de savoir d’où viennent les objets, qui les a faits, et dans quelles conditions. L’époque n’est plus dans l’accumulation, mais dans la recherche de sens. Et paradoxalement, c’est peut-être la première tendance authentique depuis longtemps.
De notre côté, nous avons fait un choix clair :
nous ne suivons pas ce cycle perpétuel. Nous préférons les objets qui traversent les modes plutôt que ceux qui s’y plient. Les grandes bougies belges, les luminaires vintage, les pièces fabriquées en petite série : rien de tout cela ne cherche à être “dans l’air du temps”. Au contraire, ce sont des objets faits pour durer, pas pour se démoder.
La question n’est plus : quelle est la tendance du moment ?
Elle est : quelle part de votre intérieur mérite d’être intemporelle ?
Les tendances reviendront, encore et encore.
À vous de décider si vous voulez courir après elles ou créer un espace qui vous ressemble vraiment.